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Bruxelles réel


Bruxelles, une traversée urbaine, un film de Luc Jabon

Deux pôles d'images tendent le film de Luc Jabon : les panoramiques qui dès le début mettent Bruxelles en perspective, point de fuite compris, et les gros plans des pieds qui marchent, un peu partout. Entre ça, les séquences se juxtaposent montrant par éclats commentés en direct les multiples facettes de cette ville : millénaire, re-gardant des fragments enfouis de son passé, et futuriste, pré-gardant des travaux incertains de son avenir…

Car cette ville garde tout, vieux, jeunes, ruines, déchets, façades, fondations, étrangères et étrangers, rejets et projets... et tout y est toujours en déconstruction comme en construction. Un documentaire est nécesairement fictionnel : quel que soit son objet, il en choisit des éléments qu’il découpe et rassemble, il le refaçonne en un sujet identifiable. Mais cette façon de relier fait ici défaut. Le film ne se permet aucun lyrisme languissant, même d’une voix-off, aucune narration linéaire, même d’une mémoire nostalgique, tout au plus des précisions historiques et politiques. Car Luc Jabon dont les précédents documentaires ont révélé l’ironique inventivité applique ici sa maîtrise du paradoxe dans le montage du démontage qui bat l’espace et le temps urbains. Et si, bien sûr, ce docu-ci reste un docu-fiction, pour toucher au réel de cette ville, le cinéaste en aura traversé le trait intraitable : la garde de l’éclatement. Le réel Bruxelles est, de part en part, de quartiers cassés, d’architectures contrastées, de voies bouchées et de travaux interminables ! Autant de fragments en mutation…

Ces images en mouvement des éclats, si elle dé-montre la division du réel que les réalités imagées cachent d’habitude, la répétition des pieds en marche l’ouvre cependant à son instant ineffaçable et progressif : la flânerie, celle que Walter Benjamin donnait comme la vie même des villes, celle à laquelle la traversée du film invite les femmes autant que les hommes.

En somme provisoire, paradoxe encore et toujours, Bruxelles, communale, régionale autant qu’européenne, apparaît bel et bien telle que notre monde nous change, la ville de notre humanisme éclaté.

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